Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'Adrien Le Bihan et des éditions Cherche-bruit
13 septembre 2020

Isaac Babel, Primo Levi et Alain Finkielkraut

Relisant les Voyages de Gulliver, j’y retrouve cette pensée réjouissante que Swift attribue à Cicéron: «Il n’est rien de si absurde qui n’ait été avancé par quelque philosophe.»

Elle me rappelle qu’il y a quelques années Alain Finkielkraut m’invita à «Répliques», son émission de radio, pour y parler d’Isaac Babel, dont ma biographie venait de paraître chez Perrin.

La plupart des auditeurs ne connaissant Babel que de nom, j’avais prévu, avant tout commentaire, de lire le premier récit de Cavalerie rouge, «La traversée du Zbroutch», celui où «un soleil orange roule dans le ciel comme une tête tranchée». Appuyé par Pierre Pachet, qui devait participer aussi à l’émission et qui n’aimait guère ce récit, Finkielkraut essaya en coulisses de m’en dissuader, mais j’y tenais beaucoup et j’en donnai lecture. J’aurais eu à plaider, j’aurais pu invoquer l’ouvrage de Primo Levi À la recherche des racines, mais je n’ai mis la main dessus que tout récemment. 

 

Unknown-1

 

Au fil des trente chapitres de cette Anthologie personnelle, Primo Levi reproduit des textes d’écrivains qui l’ont marqué, du Livre de Job à Celan, de Marco Polo à T. S. Eliot. Consacré à Isaac Babel, comme son titre «Le Juif à cheval» le laisse entendre, le chapitre 18 contient deux récits de Cavalerie rouge, «Le sel» et «La traversée du Zbroutch».

Ainsi, incontestablement, donne-t-il sur les ondes la victoire au lutin sur un géant des médias!

L’auteur de Si ça, c’est un homme explique son choix:

«Nous sommes plongés dans la guerre russo-polonaise de 1920, et la cruauté de ces deux récits nous laisse sans voix. Jusqu’à quel point est-il légitime d’exploiter littérairement la violence? Certes, il existe une limite au-delà de laquelle on s’expose à des péchés mortels, à l’esthétisme, au sadisme, au cannibalisme avilissant d’un certain public. Babel est proche de cette limite, mais ne la franchit pas. Il est sauvé par la piété, qui s’habille pudiquement d’ironie.»

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog d'Adrien Le Bihan et des éditions Cherche-bruit
Publicité
Archives
Publicité